Personnalités marquantes

Personnalités marquantes

Fernand MERLIN, Sénateur-Maire

  • Fernand MERLIN, né le 12 février 1868 à Saint-Just-la-Pendue (Loire), mort le 30 décembre 1937 à Paris (5e).
  • Député de la Loire de 1914 à 1919.
  • Sénateur de la Loire de 1920 à 1937.

Fernand MERLIN fit des études de médecine et, nanti de son doctorat, après avoir été interne des hôpitaux, s’établit à Saint-Etienne et y exerça jusqu’à son élection au Parlement. Très jeune, il se fait connaître et se fait remarquer par des études et des articles sur des questions médicales, d’hygiène sociale, de mutualité, d’éducation.

Il a d’ailleurs commencé très vite à s’occuper de la chose publique. Dès l’âge de 23 ans, en 1891, il se fait élire conseiller municipal de son village natal, Saint-Just-la-Pendue où il deviendra maire en 1912. En 1904, les électeurs de son canton l’envoient siéger au Conseil Général de la Loire, qu’il présidera à partir de 1931.
A la veille de la première guerre mondiale, il est élu député de la 2e circonscription de Roanne. Membre de la commission du budget, il est sollicité par Clémenceau pour faire partie de son cabinet comme sous-secrétaire d’Etat du Service de Santé. Il refuse pour ne pas abandonner sa mission de contrôle aux armées en tant que rapporteur de cette commission, refus qui ne manquera pas d’impressionner ses collègues sur la fermeté de son caractère.
Comme député, son intérêt se porta principalement sur : le projet de loi relatif à la règlementation de l’ouverture de nouveaux débits de boisson, l’établissement d’une contribution sur les bénéfices de guerre, certaines dispositions relatives aux patentes et aux mutations par décès, la production de guerre, etc…
Il est élu aux élections sénatoriales du 11 janvier 1920.
Au Sénat, il adhère au groupe de la gauche démocratique, dont il devient membre du comité directeur. Il y a fait partie de la commission de l’armée, de celles des comptes définitifs, des affaires étrangères, d’hygiène, d’assistance et de prévoyance sociale, dont il devient président en 1932.
Président du groupe français de l’union interparlementaire, son activité de sénateur fut aussi intense que celle qu’il avait manifestée comme député, se préoccupant notamment du logement, de l’habitation populaire, de la loi militaire sur le recensement, de la surveillance des établissements de bienfaisance privés, de la santé publique et du vote des femmes.
Jusqu’à sa mort, il devait être constamment réélu, le 6 janvier 1924, ainsi que le 16 octobre 1932.
Au cours de ces nouveaux mandats, Fernand MERLIN intervient sur de nombreux sujets, de même que dans la discussion de différents budgets. Outre de nombreuses demandes d’interpellation, il dépose de multiples rapports et avis au nom des commissions de l’hygiène et des affaires étrangères. Il dépose plusieurs propositions de loi, dont l’une, importante, tend à rendre obligatoire la vaccination antityphoïdique des jeunes français. Deux autres avaient pour but, l’une de modifier le régime d’état-civil et de la nationalité des enfants trouvés, la seconde de renforcer la protection de l’enfance abandonnée.
Malgré son mauvais état de santé pendant les dernières années de sa vie, ses collègues de la commission de l’hygiène avaient tenu à lui conserver la présidence de cette commission.
Mais, le 30 décembre 1937, la maladie avait raison de ses dernières forces et il mourait à Paris, dans sa soixante-neuvième année.

Au plan local :
Dès le début du siècle, comme conseiller municipal, il intègre la commission scolaire et est à l’origine, en 1905, de la création d’une cantine pour les écoles communales.
Maire de la commune de 1912 à 1935, il lance, en 1921, le projet de construction d’un hôpital à Saint-Just-la-Pendue. Il faudra toute la force et la conviction de notre sénateur-maire pour mener à bien cette réalisation qui sera inaugurée le 28 octobre 1928.
En 1935, il apporte son appui à la création du foyer rural.
Il fait également don de son chalet pour accueillir les filles mères de la commune ainsi que d’un tènement d’immeuble qui abrite aujourd’hui la mairie.
Pour la petite histoire, Monsieur MERLIN, chaque 14 juillet, invitait les élèves de l’école publique au chalet pour goûter dans le parc et, suprême gourmandise, on y dégustait alors de la limonade.
 

Jean DUPUIS, le Tonkinois

Jean Dupuis naît à St-Just-la-Pendue le 7 décembre 1829. Ses parents sont paysans et fabricants textiles. Après l’école primaire, Jean Dupuis fréquente le collège de Tarare. Dès cette époque, il se passionne pour les récits d’aventures. Ses études terminées, il reprend la production textile familiale. A 19 ans, devenu représentant, il voyage dans tout le midi de la France. Lorsqu’en 1854 commence le percement du canal de Suez, il s’enthousiasme pour cette extraordinaire aventure. Quatre ans plus tard, il s’embarque pour l’Egypte et ouvre un bazar à Alexandrie.

Le marchand

En 1861, Jean Dupuis rencontre un capitaine au long cours qui lui conseille de partir en Chine. Selon lui, la guerre civile qui règne dans ce pays est particulièrement favorable aux affaires. Il n’en faut pas plus à Jean Dupuis pour qu’il parte à Changaï. Il emporte avec lui une importante cargaison comprenant, entre autres, des vins, des liqueurs, des conserves. Leur vente lui procure un important bénéfice. Peu après, il quitte Changaï pour Hankéou. Il y crée une fabrique d’armes et de munitions. Il apprend à parler, lire et écrire le chinois. Il adopte les coutumes et les costumes locaux. Jean Dupuis pense que les Chinois et les Annamites sont très intelligents. A l’inverse des autres Européens de l’époque, il ne les méprise pas. Il est très proche d’eux. Son usine n’arrivant pas à satisfaire à elle seule la demande, Jean Dupuis importe des armes d’Europe et d’Amérique. En quelques années, il accumule une richesse qui lui permet de se lancer dans d’autres types de négoces, comme par exemple celui des minerais. Dans le même temps, il connaît par deux fois la ruine : la première fois, à cause du pillage de quatre de ses jonques par des pirates ; la seconde, suite à la destruction de ses magasins par un incendie. A chaque fois, son génie commercial lui permet de reconstituer sa fortune.

L’explorateur

A partir de 1868, Jean Dupuis arme les forces chinoises se battant au Yunnan. Cette province est limitrophe du Tonkin, une région du royaume d’Annam. Jean Dupuis ne parvient pas à livrer assez vite ses armes qui empruntent le Yan-Tsé-Kiang (Fleuve Bleu). C’est pourquoi, il se résout à explorer une nouvelle voie de communication. Il veut atteindre le Yunnan en remontant le Fleuve Rouge (Song-Ko) à partir de Hanoï, au Tonkin. En janvier 1872, il se rend en France afin d’acquérir sept-mille fusils et trente canons pour les troupes chinoises du Yunnan. Il convoie cet armement jusqu’à Hong-Kong où il arrive en septembre. Dans ce port, il arme trois bateaux. Il engage cent-cinquante Asiatiques et vingt-cinq Européens. Le 9 novembre 1872, il entame la remontée du Fleuve Rouge. Il arrive au Yunnan un peu moins de six mois plus tard, le 16 mars 1873.

Le bouc-émissaire

A son retour du Yunnan, en mai 1873, Jean Dupuis est retenu à Hanoï par les autorités annamites opposées à son initiative. Elles multiplient les actes d’hostilité à son égard. D’abord, deux des membres de son équipe sont massacrés. Ensuite, une de ses embarcations est capturée. Puis un violent affrontement l’oppose à des soldats annamites. Enfin, les dépôts de Jean Dupuis sont victimes de plusieurs tentatives d’incendie. Il demande au gouverneur de Cochinchine, une colonie française voisine, de lui venir en aide. Ce dernier envoie deux canonnières et un détachement militaire de deux-cent-douze hommes. Ce modeste corps expéditionnaire est commandé par Francis Garnier, un officier d’origine stéphanoise. Les négociations qu’il mène dès son arrivée sont un échec. Il décide alors de s’emparer de la puissante forteresse d’Hanoï défendue par sept-mille hommes. Il s’en rend maître en trois heures et demie. Après quoi, il proclame la souveraineté de la France sur le Tonkin. Il faut cependant encore de nombreux combats pour que celle-ci soit effective. Le 15 mars 1874, la France et l’Annam finissent par signer un traité. Jean Dupuis est le bouc-émissaire sur lequel les deux pays rejettent la responsabilité du conflit qui les a opposés. Ses biens sont confisqués et on lui interdit de remonter le Fleuve Rouge.

 

La dernière grande œuvre de Jean Dupuis

Ruiné par la confiscation de ses biens en 1874, Jean Dupuis quitte le Tonkin pour Paris en 1876. En juin de la même année, il présente à la Chambre des Députés une demande d’indemnisation. L’administration fait tout ce qu’elle peut pour que sa requête n’aboutisse pas. Ainsi, n’est-elle examinée qu’en 1879. Puis le gouvernement attend 1887 pour dédommager Jean Dupuis. Il lui accorde l’île de Kébao, au large du Tonkin. Afin de réaliser la mise en valeur agricole et minière de ce territoire de vingt-cinq-mille hectares, Jean Dupuis crée deux sociétés : la société Kébao, fondée en 1888, qui se consacre à l’exploitation des ressources minières de l’île et, en 1890, la société forestière de l’Annam qui s’occupe de l’exploitation forestière. Après avoir constitué ces deux sociétés, Jean Dupuis s’en efface au profit des capitalistes qui les ont financées. Il passe les dernières années de sa vie à voyager entre le Tonkin et St-Just-la-Pendue. Il vit grâce à la pension que ses deux filles ont obtenue du gouverneur général de l’Indochine, Paul Doumer. Jean Dupuis meurt le 28 novembre 1912 à Monaco où il passe tous les hivers. Suivant ses dernières volontés, sa fidèle servante, Rosalie Bretonière, le fait inhumer dans son village natal. Sa disparition vaut enfin à Jean Dupuis la reconnaissance qui lui a été refusée de son vivant.

Un monument à sa mémoire

Sous le haut patronage de M. Paul Doumer, président du Sénat, la municipalité conduite par M. le Sénateur-Maire Fernand Merlin inaugure le 4 septembre 1932, en présence de M. Albert Sarraut, Ministre des colonies, un monument érigé à la mémoire de Jean Dupuis, monument situé à l’entrée ouest de la commune de St-Just-la-Pendue.